- 1260 : ETABLISSEMENT D’UNE CHAPELLE
- 1262 : LE BOURG DE MONTMAHOUX
- 1268 : MORT DE JEAN DE CHALON ET SURVIE DU BOURG
- 1301 : MONTMAHOUX DEVIENT VILLAGE FRANÇAIS OU L’HISTOIRE DE LA COMTE
- 1480 : LOUIS XI ET LA DESTRUCTION DE MONTMAHOUX
- 16ème SIECLE : MONTMAHOUX, LE PARADOXE DE LA COMTE
- FIN DU 16ème SIECLE ET DEBUT DU 17ème SIECLE : UN CONTEXTE DEFAVORABLE A LA RECONSTRUCTION
- 1639 : LE RENOUVEAU DE MONTMAHOUX ; 1703 : UN TERRIBLE INCENDIE
1259 : NAISSANCE DU VILLAGE
Dès 1230, Jean de Chalon (appelé aussi Jean l'Antique ou « le Sage ») fait connaître son nom en étant comte de Chalon sur Saône et d'Auxonne. Jean de Chalon opte pour une stratégie de domination de l'espace : il renonce à la plaine et à la vallée de Saône afin de s'emparer des montagnes jurassiennes. Ainsi l'empire des Chalon s'étend vers le sud et l'est pour structurer les échanges commerciaux sur la voie internationale Flandres-Italie.
En 1237, il décide d'échanger l'intégralité de ses terres contre la baronnie de Salins. Son objectif clairement affiché est de contrôler les communications routières et fluviales indispensables au transport du sel. Dès lors, Jean de Chalon commence à s'enrichir grâce au sel produit à Salins surnommé « l'or blanc ». Cependant, il lui est indispensable de contrôler les péages sur des axes qui relient la France à la Suisse et à l'Italie. Dès lors, il construit de nombreux châteaux forts dont celui de Montmahoux en 1259. Outre la surveillance, les châteaux de Jean de Chalon servent aussi la mise en valeur agricole des plateaux et l'accélération du peuplement. Le château de Montmahoux constitue l'un des 500 fiefs dont Jean de Chalon est détenteur sur toute la Comté. Mais il ne s'arrête pas là : entre 1259 et 1267 il décide d'édifier un important centre de châtellenie (seigneurie et juridiction d'un seigneur châtelain) composé d'un château et d'un petit bourg fortifié, doté d'une chapelle. Pour cela il en appelle à ses vassaux (Personne liée à un suzerain par l'obligation de foi et hommage) qui répondent à cette demande :
- En 1259, Vauchier, sire d'Andelot, reçoit de Jean de Chalon un chasal [ Désigne souvent l’habitation et les possessions (plus rarement les propriétés) d’un personnage ] pour bâtir une maison dans le château de Montmahoux.
- En juin 1259, Gérard de Neuchâtel, connétable de Bourgogne, vend pour 40 ₤ estev. « la moitié du huitième » du puits de Montmahoux et tous ses droits au « noble baron Jean »
- En juin 1259, deux écuyers vendent pour 35 ₤ estev., outre une terre et un pré situés entre Montmahoux et Déservillers, un moulin à Ambotours - Au printemps 1260, l'abbé Yves de Cluny fait savoir que comme le sire de Salins a construit un château à Montmahoux [ « castrum firmaverit in monte qui vulgariter apellatur Mons Majorum » ], il lui a vendu tout ce que possédait le prieuré de Moutier-Hautepierre en ce lieu, pour 200 ₤ estev.
- En 1260, c'est le sire de Say, Richard de Montbéliard qui s'installe à Montmahoux.
- En décembre 1262, Richard de La Baume, sire de Scey, vend pour 200 ₤ estev. « les cinq parties de la moitié » de tout le puits et promet d'y construire et posséder une maison, à toujours, pour lui-même et les siens.
Dans les années 1260, Monmaour (alias Montmahoux) devient donc un important bourg comme le désirait Jean de Chalon.
1260 : ETABLISSEMENT D’UNE CHAPELLE
Jean de Chalon fonde une chapelle castrale dans la plupart de ses résidences. L'archevêque de Besançon approuvera par exemple les chapelles d'Arlay, du Pin, de Lons, de l'Etoile, de Rochefort, de Sellières sous réserve que le droit des prêtres et des églises paroissiales sur le finage desquelles elles sont construites soit préservé.
Alors, en juillet 1260, Jean de Chalon établit une chapelle « en l'honneur de Dieu, de Notre-Dame et de sainte Catherine » dans son donjon de Montmahoux. Il ordonne qu'un prêtre y prie pour le remède de son âme, de celles de ses femmes, de ses père et mère et de ses ancêtres. Il donne et assigne à cette fondation une rente de 10 ₤ estev. à percevoir en sa cense de Salins, à la Saint-André et réserve pour lui et ses successeurs le droit de patronage de la-dite chapelle :
« Nous Jehans, cuens de Bourgoigne et sires de Salins, faisons savoir à touz [...] que nous estaublissons une chapele, en honour de Dieu et de Nostre Dame et de sainte Katheline, en nostre donjon de Monmaour, en laquel chapele nous ordenons et estaublissons que uns prestes soit perpetuelment, qui serve à Dieu et à Nostre Dame et à Sainte Katheline en ladite chapele, pour le remede de nostre ame et de noz fames, de noz peres et de noz meres et de noz ancessours. Et donons et assignons à prevoire qui à ladite chapele servira dix livres de rente d'estevenens, à avoir et recevoir chescun anz permaignablement en nostre cense de Salins, à la saint Andreu (...). Et retenons à nos et à noz hoirs, qui tanront le devandiz chestel, le don de la chapelerie de ladite chapele, toutes les foiz que ele vaquera. En tesmoing de ce, nous avons mis nostre seal pendant en ces lettres »
1262 : LE BOURG DE MONTMAHOUX
Montmahoux tient dès 1262 une place importante dans la Comté : elle montre à la fois le pouvoir d'un homme, Jean de Chalon, mais aussi l'intérêt que cet homme portait à ce bourg. En effet, le château permettait de surveiller les alentours dont certaines routes menant à Salins et le fait d'installer le bourg à son pied permettait de le protéger.
Jean de Chalon était très intéressé par ce secteur comme en témoigne les achats à Humbert de Chapoy de tout ce qu'il avait sur le « puy de Montmahoux ». Au fur et à mesure que les années s'écoulaient, Montmahoux s'étendait et devenait de plus en plus fort. Nombreux furent les habitants des alentours qui vinrent s'installer à Montmahoux comme par exemple « Nicole, femme de Gérard de Malans ».
1268 : MORT DE JEAN DE CHALON ET SURVIE DU BOURG
En 1267, Jean de Chalon se sent affaibli, vieilli. Il décide dès lors de confier la gestion du bourg de Montmahoux et des villages avoisinants à 4 échevins (hommes de loi que les seigneurs choisissaient pour rendre la justice). Il accorda aussi des franchises (droit limitant l'autorité souveraine au profit d'un ou plusieurs individus) à ce bourg après celles de Salins en 1249 ; franchises qui furent étendues en 1309 et 1342 à des villages voisins : Gevresin, Labergement du Navois et Levier. Les habitants de ces villages donnèrent alors à Jean de Chalon-Arlay (un des fils héritiers de Jean de Chalon) la somme de 300 florins de Florence, ce qui devait permettre au seigneur de « parfaire les murs de la fermeture de notre bourg de Montmahoux ».
1268 marque l'année de la mort de Jean de Chalon alors âgé de 44 ans. A sa mort il laisse 11 enfants issus de 3 mariages ; les terres sont donc partagées entre ces 3 lignées rivales. Dès lors c'est Jean de Chalon-Arlay, le plus célèbre des fils de Jean l'Antique, qui hérite de la plupart des territoires de la Comté dont celui de Montmahoux. Cependant, cela ne va pas sans engendrer quelques jalousies
1301 : MONTMAHOUX DEVIENT VILLAGE FRANÇAIS OU L’HISTOIRE DE LA COMTE
Otton IV, un des héritiers de Jean l'Antique de par la branche des Méraniens, était en conflit avec Jean de Chalon-Arlay héritier entre autres des terres de Montmahoux.
En 1291, Otton IV signe un traité secret à Vincennes avec le roi de France Philippe IV le Bel, par lequel il s'engage à marier sa fille aînée, avec en dot la comté, à Philippe, le fils du roi.
En 1295 les nobles comtois tentent de lutter contre le roi de France en se ralliant autour de Jean de Chalon-Arlay.
Mais en 1301, après 6 ans de conflit, les comtois sont obligés de se soumettre à cette nouvelle autorité : la Comté devient française. Mais Jean de Chalon-Arlay n'en est pas moins récompensé puisqu'il dispose de la garde de la Comté au nom du roi de France en 1306.
Dès lors on peut dire que Montmahoux est un village français bien que la Comté dispose toujours d'une indépendance certaine ce qui déplaira à un certain Louis XI vers le milieu du 15ème siècle.
1480 : LOUIS XI ET LA DESTRUCTION DE MONTMAHOUX
L'arrivée de Louis XI au pouvoir en 1461, marque un tournant dans l'histoire de France en général et dans celle de Montmahoux en particulier.
En effet, la France est un ensemble de fiefs qui doivent hommage au roi et cela représente un danger pour l'unité française. Il décide dès lors d'abattre ces fiefs afin de restaurer le pouvoir royal. De 1479 à 1482, il se rua sur l'ensemble de ces fiefs.
Vainqueur de Charles le Téméraire (fils du duc de Bourgogne Philippe le Bon), il n'avait pu rattaché au royaume que le duché de Bourgogne ; la Comté lui avait résisté et s'était même donnée à Maximilien d'Autriche. Dès lors il lança ses lieutenants et ses troupes sur la Comté et le château de Montmahoux fut alors en partie rasé vers 1480 et le village sérieusement détruit.
16ème SIECLE : MONTMAHOUX, LE PARADOXE DE LA COMTE
A la mort de Louis XI, son successeur Charles VIII réinstaure la paix à Senlis en 1493.
De nombreux châteaux se redressèrent et les villages se reconstruisirent peu à peu. Cependant, Montmahoux perdit peu à peu ces habitants ; la reconstruction du château n'intéressait plus personne et le village ne portait alors plus d'intérêt particulier. Cependant, au début du XVIè Siècle, un nouveau village se forme, situé plus en contrebas, au nord-est de la butte. D'ailleurs, une église y sera fondée en 1530, sous le vocable de Saint-Pons.
FIN DU 16ème SIECLE ET DEBUT DU 17ème SIECLE : UN CONTEXTE DEFAVORABLE A LA RECONSTRUCTION
La paix fut de courte durée pour la Comté dès lors qu'elle devint province espagnole en 1556. L'esprit de conquête de la France vint perturber l'ensemble de la renaissance de la Comté avec de nombreuses et atroces destructions perpétrées par les troupes de Henri IV en 1595. Montmahoux ne pouvait donc pas se reconstruire et les quelques habitants restants furent appauvris par ces conflits incessants.
Cependant, quelques années plus tard, alors que les autres châteaux et villages furent victimes des guerres de conquête de Louis XIII et Louis XIV (guerre de Dix ans notamment) de 1635 à 1674, Montmahoux était (logiquement) en paix.
1639 : LE RENOUVEAU DE MONTMAHOUX ; 1703 : UN TERRIBLE INCENDIE
Montmahoux n'étant pas menacé par les guerres de Louis XIII et Louis XIV, le village pouvait se reconstruire. C'est en 1639 que les habitants reconstruisirent leur village qu'ils placèrent au pied de la butte ; le château ne consistant plus qu'en quelques masures. Mais ce renouveau n'est pas sans caché la perte des prérogatives de chef-lieu de Montmahoux. En effet, les assises de la justice et les activités commerciales de la seigneurie se trouvent déconcentrées vers le village voisin d'Eternoz où foires et marchés sont mentionnés dès 1506.
Par ailleurs, un terrible incendie frappa montmahoux en 1703. Néanmoins, les habitants, extrêmement courageux et téméraires après les nombreux conflits que eux ou leurs ascendants avaient vécus, reconstruisirent une nouvelle fois « leur » village. Hormis cela, le Siècle des lumières a été assez favorable au village qui n'a pas connu d’évènements importants.
Quant à la Révolution, elle n'a en rien affecté la vie du village.
3 SIECLES DE PAIX
Dès le 18ème siècle, Montmahoux a baigné dans la paix et le calme même si cela restait parfois difficile comme dans toutes campagnes. Depuis, l'Histoire n'a pas affecté Montmahoux de troubles majeurs. Mais les guerres de 1914-1918 et 1939-1945 ont vu mourir 2 enfants du village partis sur le front : Louis Garnier (en 1916) et Victor Gavignet (en 1940).
MONTMAHOUX, AUJOURD’HUI
Montmahoux, aujourd'hui, c'est une mémoire qui permet de se souvenir de tous ceux qui ont souffert pour sauver le village, le territoire ou même le pays de l'ennemi.
C'est un village qui a envie de faire renaître ce désir de venir vivre à Montmahoux.
Ce sont des habitants qui ont envie de faire découvrir à tout le monde les charmes et richesses de leur village.
Ce sont des traces du passé qui décrivent la riche Histoire du village.
C'est un panorama exceptionnel qui témoigne des ambitions du créateur du village et de son esprit de conquête.